Emploi et handicap en milieu ordinaire : au rapport !

Comment favoriser l'inclusion des travailleurs handicapés en milieu ordinaire ? Un rapport liste 14 propositions qui, de l'aveu du gouvernement, " feront l'objet d'un examen attentif ".

• Par

Un rapport, encore ! La France a le mérite, intellectuel, de vouloir tout analyser et comprendre, et l'emploi des personnes handicapées n'échappe pas à cette louable tradition. Remis le 4 décembre 2014, et rédigé par Annie Le Houerou, députée des Côtes d'Armor, le petit dernier a pour titre : « Dynamiser l'emploi des personnes handicapées en milieu ordinaire ».

La promesse d'un examen attentif

Cette mission lui a été confiée en mars 2014 par le Premier Ministre. En 90 pages, sa synthèse propose un panel assez exhaustif des actions à mettre en œuvre pour respecter la règle des 2 A : aménager les postes et accompagner les personnes. Evidemment, dans la « vraie vie », tous aspirent à ce que ces « narrations » encourageantes soient suivies d'effet. Mais Ségolène Neuville (secrétaire d'Etat en charge des personnes handicapées) et François Rebsamen (ministre du travail), saluant « la qualité du travail mené », ont promis que ses 14 recommandations feraient « l'objet d'un examen attentif durant les prochaines semaines, dans la perspective de la Conférence nationale du handicap (CNH) du mois de décembre 2014, qui sera l'occasion d'examiner comment elles pourraient être appliquées. »

Des expériences riches

Il apparait que les expériences de l'accompagnement des personnes dans le milieu protégé ou adapté sont riches mais les échanges avec le milieu ordinaire restent encore limités car ce dernier est jugé « trop risqué » par les deux parties. Des besoins à particularités, en partie liés au handicap psychique, sont mal couverts. Il existe pourtant des initiatives éparses qui œuvrent dans ce sens et sont auréolées de succès. Le rapport détaille quelques exemples, notamment celui du Club House qui accueille des personnes handicapées psychiques dans un lieu animé, avec leur participation active, après la période des soins et en amont d'une entrée en emploi entendue au sens large, incluant les formes régulières de bénévolat. Le projet s'inspire directement de méthodes dites « communautaires » initiées aux Etats-Unis après la guerre.

Médecine du travail : un rôle à jouer !

Plus globalement, il devient donc nécessaire, selon le rapport de construire une nouvelle offre « aménagement-accompagnement » pour favoriser l'emploi en milieu ordinaire de travail. Cela passe, par exemple, par de nouvelles missions confiées au Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en faveur des travailleurs handicapés mais aussi par l'élargissement des outils mis à la disposition de la médecine du travail dans l'exercice de ses missions auprès de ce public. A l'heure même où l'on parle d'ailleurs de les remplacer par des médecins généralistes (lire article en lien) !

Des solutions existent

Sur le plan politique, le rapport préconise d'intégrer l'emploi et le maintien en emploi des personnes handicapées à toutes les étapes de la négociation collective, du niveau national à celui du bassin d'emploi. Le contenu de l'agenda social arrêté pour la fin de 2014 et le début de 2015 doit les prendre en compte ! Et pourquoi pas reconnaître et valoriser les réalisations des entreprises par un label administratif « entreprise / administration handi accueillante » ? D'autres préconisations, encore… Comme prévoir une prestation « étude de faisabilité » financée par AGEFIPH et le FIPHFP pour donner à l'employeur un contenu concret à la notion d'aménagement raisonnable, en lien avec les travaux initiés par le Défenseur des Droits. Et puis surtout s'intéresser en priorité au plus jeunes par le biais d'un « parcours jeune » renforcé et constituer des équipes mixtes de l'évaluation continue des plus jeunes travailleurs dans les ESAT.

Le milieu ordinaire à l'ouvrage

Mais parce que la réussite d'un tel pari ne relève pas de la seule responsabilité des secteurs adapté (EA) ou protégé (ESAT), elle impose également de sensibiliser le milieu ordinaire aux particularités, besoins mais surtout potentiel des travailleurs handicapés. Pour cela, il apparait urgent de faire progresser ses pratiques d'accompagnement. Mais, selon les conclusions d'Annie Le Houerou, les freins tiennent beaucoup aussi aux rigidités administratives au sens large, notamment à la répartition des activités des secteurs qui relèvent en France de l'emploi et celles qui relèvent du médico-social. Dépasser ces cloisonnements ! Plus globalement, conclut-elle, « au-delà des obstacles financiers, économiques et sociaux, c'est aussi notre regard sur la différence sur les lieux de travail qu'il faut changer. Une mobilisation citoyenne est nécessaire pour que le droit des personnes handicapées à un travail soit mieux reconnu. »

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
Commentaires2 Réagissez à cet article

Thèmes :

Handicap.fr vous suggère aussi...
2 commentaires

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.