Est-il possible de travailler quand on est handicapé ?

Est-il possible de travailler quand on est en situation de handicap ? L'Agefiph a posé cette question à des dirigeants d'entreprise, des salariés et au grand public afin d'analyser leur perception et d'affiner ses actions.

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Les employeurs se disent de moins en moins réticents à embaucher des salariés handicapés mais la marge de progression reste particulièrement importante dans les petites entreprises, selon une étude Ifop réalisée pour l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées). Elle s'est intéressée à la perception de l'emploi des personnes handicapées. Son objectif ? « Connaître les points de convergence et de divergence entre les différents publics pour pouvoir affiner nos actions », répond Didier Eyssartier, directeur général de l'Agefiph. L'Ifop a donc interrogé des dirigeants d'entreprise, des salariés mais aussi le grand public, par le biais de questionnaires en ligne. Les résultats ont été dévoilés le 21 novembre, à l'occasion de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH).

Des progrès à faire

Dans les entreprises de vingt salariés et plus, 45 % des dirigeants ou des responsables des ressources humaines estiment qu'il est « facile » d'embaucher des personnes handicapées, alors qu'ils n'étaient que 25 % à émettre une telle opinion en 2008, selon le baromètre. Dans les entreprises de moins de vingt salariés, en revanche, un tiers seulement des responsables interrogés partagent ce point de vue. En outre, si 85 % des dirigeants d'entreprises de vingt salariés et plus se déclarent prêts à embaucher davantage de personnes handicapées, cette proportion tombe à 61 % lorsqu'on prend en compte l'ensemble des sociétés. « La bataille des petites et très petites entreprises n'est pas encore gagnée, commente, auprès de l'AFP, Didier Eyssartier. La société est en train de se transformer, il y a une forte progression mais on n'est pas arrivé au but, ce n'est pas suffisant. ».

Des clivages 

Mais pourquoi un tel clivage ? « Il n'y a pas encore vraiment d'obligation d'emploi pour les entreprises de moins de vingt salariés, répond Malika Bouchehioua, présidente de l'Agefiph. 50 % de nos aides sont versées à ces petites structures mais ces chiffres nous font prendre conscience qu'elles ont besoin de plus d'accompagnement. » Pour résumé, plus l'entreprise est importante, plus les dirigeants estiment qu'il est « facile » d'intégrer des personnes handicapées. Le baromètre met aussi en évidence le clivage entre les entreprises publiques et privées. Dans le public, 48 % estiment que cela est « facile » contre 39% dans le second cas.

Un cercle vertueux

Les enquêteurs de l'Ifop ont également interrogé des salariés. Ceux-ci se montrent davantage ouverts à l'idée que l'intégration d'une personne handicapée est « facile » lorsqu'ils en côtoient eux-mêmes. Par exemple, seuls 39% de sondés ne côtoyant aucun collègue handicapé auditif partagent ce point de vue mais cette proportion passe à 62 % pour ceux qui travaillent, effectivement, avec un ou plusieurs collègues porteurs de ce handicap. Ils sont également 73 % à penser que travailler aux côtés d'une personne handicapée nécessite « des aménagements concrets » et est « l'occasion de mettre en place de nouvelles manières de faire ». « L'expérience est un facteur d'ouverture d'esprit, affirme M. Eyssartier. Renforcer les passerelles, les contacts, les mises en situation professionnelles et l'alternance apparaissent comme des solutions opérationnelles, comme l'opération '1 jour, 1 métier' que l'Agefiph organise depuis plus de dix ans. » Il ajoute : « Plus on intègre des personnes handicapées, plus cela va faciliter l'arrivée des suivantes. C'est un cercle vertueux ».

Divergence de points de vue

Ce baromètre révèle également « une inégalité de perception, voire une hiérarchie, selon le type de handicap ». Les dirigeants considèrent que la déficience visuelle est la « plus difficile » à gérer. « Nous devons donc faire connaître aux entreprises les dispositifs qui existent pour la prendre en charge », rétorque Malika Bouchehioua. Les salariés et le grand public pensent, quant à eux, que ce sont le handicap psychique et les troubles cognitifs qui sont les « plus difficiles » à intégrer. « Il y a un vrai décalage entre le vécu concret des salariés et les dirigeants », analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. En revanche, les trois cibles estiment que la difficulté principale pour les salariés handicapés est de progresser au sein de l'entreprise. « Le constat est homogène : connaître une évolution professionnelle paraît compliquée, à savoir progresser au sein d'une hiérarchie et encadrer une équipe », détaille Frédéric Dabi.

Obligation d'emploi non respectée

Selon une étude du ministère du Travail publiée une semaine auparavant (article en lien ci-dessous), les entreprises privées de 20 salariés et plus comptaient, en 2016, 3,8% de personnes handicapées, alors que l'obligation d'emploi impose 6%. Par ailleurs, « encore 8 % d'entre elles préfèrent payer une contribution à l'Agefiph, pour reprendre les mots de la ministre Sophie Cluzel », déplore Didier Eyssartier. Un gros travail reste donc encore à fournir. « Il faut continuer à communiquer et sensibiliser par tous les moyens, poursuit-il. Continuer à aménager les locaux, organiser les postes et fournir des aides financières. »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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