Fiphfp : un président, une politique, une équipe !

André Montané, président du Fiphfp, dresse le bilan des actions 2013 de ce fonds destiné à promouvoir l'emploi des personnes handicapées dans la Fonction publique. Une année dynamique, des actions nouvelles et un budget en hausse...

• Par

André Montané, président du Fiphfp, dresse le bilan des actions 2013 de ce fonds destiné à promouvoir l'emploi des personnes handicapées dans la Fonction publique. Une année dynamique, des actions nouvelles et un budget en hausse..

Handicap.fr : Rappelez-nous le rôle du Fiphfp.
André Montané : Décliner sur le territoire les orientations données par le Gouvernement et mettre en œuvre l'engagement 32 du Président de la République, c'est-à-dire atteindre un minimum de 6 % de travailleurs en situation de handicap dans les trois fonctions publiques. Elles doivent se montrer exemplaires ! « L'utopie est la vérité de demain », écrivait Victor Hugo. Nous devons faire en sorte que cette inclusion soit la plus pérenne possible. Nous mettons donc en place avant fin 2014 une démarche ISO afin d'améliorer la qualité de l'accompagnement de nos « clients ». Faire du chiffre c'est bien mais ces hommes et femmes et leurs employeurs sont-ils bien accompagnés ?

Handicap.fr : Quelle a été le maître-mot du Fiphfp en 2013 ?
AM : Il peut se résumer en trois mots : un président, une politique, une équipe ! Le président tout d'abord ; je suis un homme de terrain et, étant moi-même en situation de handicap, je connais la question de l'intérieur, en essayant d'objectiver. La politique ensuite ; notre feuille de route est claire, mieux accompagner les employeurs publics et être force de proposition auprès des partenaires. L'équipe, enfin ; le Fiphfp a mis un peu de temps à monter en charge mais il y a désormais une vraie dynamique et nous avons les moyens de nos ambitions, qui nous ont été fixées par nos cinq ministères de tutelle.

H.fr : Vous avez également mis en place un conseil scientifique. Quelle est sa mission ?
AM : Eclairer les actions au quotidien, en prônant la qualité de l'accompagnement qui devra s'appuyer sur le projet de vie des personnes handicapées. Car ce fameux « projet de  vie », c'est encore trop souvent la page blanche dans les dossiers ! Ce conseil devra également contribuer à la réflexion générale et publiera une fois par an ses propositions que le Comité national transmettra au gouvernement afin de faire remonter les réalités du terrain.

H.fr : En 2013, quel est le taux d'emploi de travailleurs handicapés dans les trois fonctions publiques (de l'Etat, territoriale et hospitalière) ?
AM : 4.64 % (contre 3.74 % à la création du Fonds en 2005). Nous pouvons collectivement être satisfaits de ce résultat. Notre budget est en hausse : 160,8 millions d'euros ont été consacrés à ses interventions en 2013. C'est la première fois depuis sa création que le montant des interventions dépasse celui des contributions des employeurs publics (148.7 millions).

H.fr : Question récurrente depuis la création du Fiphfp : pourquoi l'Education nationale reste-elle à la traîne ?
AM : En période d'examen, certains réussissent et d'autres pas ! Et certains doivent confirmer leurs résultats. Il y a des employeurs publics pour lesquels le taux d'emploi n'est pas satisfaisant mais parfois avec des raisons objectives : 80 % des agents de l'Education nationale sont des enseignants. Or il est encore difficile de recruter des personnes en situation handicap avec le niveau d'étude suffisant. Il y a très peu d'étudiants handicapés dans les masters. Nous le regrettons mais les dispositions de la loi de 2005 devront à terme remédier à cet état de fait ; en attendant, il faut mettre en place des formations qualifiantes.

H.fr : Oui mais il existe aussi des enseignants déjà en poste qui ont été confrontés au handicap en cours de carrière…
AM : Oui, c'est vrai, c'est toute la question du maintien dans l'emploi. Mais la déclaration de la situation de handicap se faisant de manière spontanée, de nombreux agents se montrent réticents car ils redoutent qu'elle mette un frein à leur carrière. Par ailleurs, on constate que l'Education nationale manque réellement de médecins de prévention (du travail) ; les personnes en situation de handicap sont souvent en déshérence car elles ne bénéficient pas de prise en charge. Il y a néanmoins des enseignants aveugles, en fauteuil roulant… J'ai moi-même travaillé à la direction d'un établissement, et l'Ecole de la République a su m'accompagner malgré ma déficience physique. Et puis le CNED (enseignement à distance) accueille également de nombreux enseignants en situation de handicap. Nous avons passé une convention pluriannuelle de 45 millions d'euros pour l'accompagnement des professeurs et agents en situation de handicap.

H.fr : Mais n'êtes-vous pas en mesure d'impulser une dynamique dans ce sens ?
AM : Il faut savoir que, dans l'Education nationale, la gouvernance territoriale est essentielle et très forte. Notre convention est déclinée au niveau chaque académie. C'est une énorme machine de plus d'un million d'agents. Il faut du temps pour faire un travail de qualité et en profondeur.

H.fr : L'accessibilité est au cœur des débats ; le Fiphfp s'engage-t-il sur cette question ?
AM : Oui, c'est l'une des dimensions d'innovation de notre Fonds. Nous avons donc pour mission de rendre accessible les locaux, les écoles du service publique (type ENA. 11 le sont sur 39 pour le moment), en développant également l'accessibilité numérique. Nous allons accentuer nos actions dans ce domaine.

H.fr : Embaucher un travailleur handicapé, c'est bien mais qu'en est-il du maintien dans l'emploi ?
AM : Une solution RH assez fréquente, c'est la mise à la retraite pour invalidité. Se repose alors la question de la médecine du travail et de prévention. C'est un enjeu considérable car, dans dix ans, y aura-t-il encore des médecins du travail ? S'il y a un domaine où les pouvoirs publics doivent agir, c'est bien celui-là ! Le travail engendre de l'usure, des maladies professionnelles et des accidents du travail. Si aucune solution n'est trouvée dans les quinze prochaines années, cela aura une incidence très forte sur les finances publiques ! Le Fiphfp a été créé avec une vocation « curative » mais nous nous engageons de plus en plus sur les actions de prévention. C'est ainsi que nous nous sommes engagés financièrement  dans l'expérimentation de l'employabilité avec 29 MDPH (Maison départementale du handicap).

H.fr : Quels sont les domaines qui méritent d'être investis prochainement par le Fiphfp ?
AM : Il faudra que l'on examine si les ESAT (établissements et services d'aide par le travail) et EA (entreprises adaptées) ne peuvent pas constituer des passerelles vers le milieu ordinaire. Il faut aussi travailler sur le statut de ces personnes qui n'ont pas celui de « travailleur » à part entière.

H.fr : Reste le problème des personnes handicapées vieillissantes, au cœur de débats… Le FIPHFP se mobilise-t-il sur cette question ?
AM : Oui, nous participons au débat et nous réfléchissons avec les pouvoirs publics à la création d'un guichet unique pour l'accompagnement des personnes fragilisées et en voie de dépendance. Il existe déjà une expérimentation des Maisons départementales de l'Autonomie, auxquelles je crois beaucoup et qui, nous l'espérons, seront mises rapidement en place.

*Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
Commentaires5 Réagissez à cet article

Thèmes :

Handicap.fr vous suggère aussi...
5 commentaires

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.