Faut-il chercher un emploi au soleil ?

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[BB]Handirect [EB] : Comment se présente la région PACA et Corse en terme de placement des personnes handicapées, par rapport au marché national de l'emploi des TH ? [BB]François Atger [EB] : La conjoncture économique suit la tendance nationale qui est au redressement. Cependant certains secteurs, comme l'industrie hôtelière marquent le pas. Dans l'ensemble les résultats du premier trimestre de 2004 sont encourageants : 1 533 insertions ont été réalisées en PACA avec l'appui des équipes Cap Emploi, ce qui représente une progression de 7% par rapport à la même période en 2003. Même si la progression n'est pas aussi forte pour les contrats durables (CDI et CDD de plus de 12 mois) qui progressent de 1,8%, ceux-ci continuent de représenter 67,1% des recrutements, contre 60% nationale. En Corse naturellement les flux sont de moindre importance puisque Cap Emploi enregistre 159 placements. [BB]Handirect [EB] : Quel est le nombre de travailleurs handicapés au chômage dans ces deux régions ? [BB]François Atger [EB] : En Corse, à fin juin, on dénombrait 570 demandeurs d'emploi bénéficiaires de la loi de 1987, soit 7,4% de l'ensemble des demandeurs d'emploi. En PACA, dont le tissu économique est à la fois plus dense et plus étendu, les demandeurs d'emploi relevant de cette catégorie sont 12 849, soit 6,6% du total. Mais les chiffres moyens sont extrêmement variables selon les secteurs : en PACA la part des personnes handicapées varie de 6,2% parmi les demandeurs d'emploi du secteur tertiaire, alors qu'elle est de 10,9% lorsqu'il s'agit de l'industrie. Ces chiffres viennent confirmer l'importance des efforts qu'il reste à faire pour maintenir dans leur emploi les salariés touchés par la survenance ou l'aggravation d'un handicap qui met leur activité professionnelle en danger. [BB]Handirect[EB] : Quelles sont les mesures originales développées dans ces régions que l'on peut estimer inamovibles quelles que soient les prochaines orientations de la loi ? [BB]François Atger[EB] : L'équipe de l'Agefiph animée par notre délégué régional Marc Dujardin, en relation étroite avec ses partenaires a soutenu ou développé sur la région de nombreuses actions ou programmes comme par exemple le Programme Régional pour la Formation des Personnes Handicapées (PRFPH), ou le déploiement en symbiose avec les six PDITH de la région d'une offre de service des MEDEF traduisant les priorités fixées par les partenaires sociaux réunis au sein du CA de l'Agefiph (objectifs précis en matière de maintiens dans l'emploi, d'insertion de personnes handicapées actuellement très loin de l'emploi, accès à l'emploi de jeunes issus de l'enseignement spécialisé, etc.). Ces politiques, qui ont fait la preuve de leur dynamisme et de leur efficacité, ont évidemment vocation à se poursuivre. Les mesures de l'Agefiph ne sont que la boîte à outil, les instruments de ces politiques. Elles doivent être adaptés à l'évolution, notamment réglementaire ou législative. Or, à ce plan, nous sommes comme vous le savez dans une période de mutations assez profondes : décentralisation, réforme de la formation professionnelle, projet de loi de programmation de cohésion sociale, projet de loi sur l'égalité de chances des personnes handicapées, etc… Il est donc encore trop tôt, alors que la nouvelle loi n'est pas encore adoptée, sans mentionner les décrets qui la traduiront ensuite pratiquement, pour répondre de manière précise à votre question [BB]Handirect [EB] : De manière plus générale, les mesures actuelles de l'Agefiph vont-elles subir des modifications compte tenu des inquiétudes financières et si oui, de quelle manière ? [BB]François Atger [EB] : Il y a le contexte, que je viens d'évoquer, et puis il y a les moyens concrets. L'Agefiph clôture son exercice 2004 dans des conditions de fortes tensions budgétaires. Le retrait de l'Etat dans certains domaines prioritaires (la formation), l'expression de besoins grandissants dans le domaine des soutiens spécifiques à apporter à certaines catégories de demandeurs d'emploi handicapés (ceux touchés par des pathologies psychiques par exemple), la reprise économique qui a dynamisé les créations d'entreprises par des personnes handicapées, mais aussi les flux d'embauche, a suscité un fort appel d'aides de l'Agefiph, etc. Il nous a fallu répondre à toutes les demandes produites par cette situation, et nous avons tenu nos engagements. Le résultat en est que nous dépasserons en 2004 très sensiblement le montant du budget prévisionnel. Dans ces conditions il ne serait pas responsable, et ce ne serait pas un service à rendre aux personnes handicapées, de se méprendre sur la gravité du problème posé par le déséquilibre entre nos emplois et nos ressources. Le Conseil d'Administration de l'Agefiph a ouvert une réflexion sur ce sujet, et dont l'objet est de bien centrer les interventions de l'Agefiph sur le cœur de la mission qui lui est confiée : l'insertion professionnelle en milieu ordinaire de travail. Cette mission rencontre de nombreux autres domaines, qui lui sont complémentaires : le social, le thérapeutique, l'éducation, la compensation des déficiences en général, la prévention des risques professionnels, les politiques d'insertion des publics en difficulté, etc. L'Agefiph doit être placée de manière lisible et efficace au milieu de cet ensemble complexe, en tenant sa place et en distinguant clairement ce qui relève de sa mission de ce qui relève d'autres compétences. Cette réflexion porte naturellement sur les mesures elles-mêmes, mais aussi sur leur complémentarité replacée dans le contexte institutionnel évolutif que nous connaissons. Elle devra aboutir dans les mois qui viennent.
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