Handicap dans l'emploi: prendre en compte la différence sans discriminer

• Par
Par Martine VERON PARIS, 3 oct 2006 (AFP) - Les salariés handicapés expriment le besoin d'être considérés comme les autres dans l'entreprise, mais aussi que l'on prenne en compte leur différence, un paradoxe apparent qui révèle le souhait d'une banalisation du handicap, selon une étude de l'Agefiph présentée mardi. "Un professionnel handicapé, c'est d'abord un professionnel", soulignent les handicapés qui ont participé aux entretiens réalisés en septembre par le cabinet WSA pour l'Agefiph (Fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées). Mais les mêmes se plaignent aussi que l'entreprise ne tienne pas suffisamment compte de leur différence. "Le paradoxe est apparent", affirme à l'AFP Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations (Paris 1). "Les handicapés veulent être recrutés en fonction de leurs compétences, traités comme les autres, sans discrimination, mais ils veulent aussi que l'on tienne compte de leur problème". "Chacun, valide ou pas, est dans le même cas", fait-il remarquer, citant l'exemple des femmes qui souhaitent avoir des horaires plus souples pour élever leurs enfants, "c'est à l'entreprise de développer une gestion plus individualisée du personnel, de mieux prendre en compte la diversité". Victime d'une rupture d'anévrisme en 2002, Cathy Charlavel revient dans son entreprise, Air France, après 21 mois d'arrêt. On lui propose, en mi-temps thérapeutique, un poste plus adapté à son cas mais qui reste exigeant. "Pour moi, cela a été une victoire sur moi-même, témoigne-t-elle à l'AFP, j'assume mon travail mais le problème, c'est que je suis plus vite fatiguée et, comme cela ne se voit pas, personne ne fait plus attention". Embauché en "emploi réservé" (la loi contraint l'entreprise à réserver 6% de ses emplois aux handicapés, ndlr) par la SNCF, Marylise Grévin, qui marche très difficilement, a mis trois ans pour obtenir une place de parking et se voit confier des rendez-vous dans des immeubles sans ascenseur. "Je ne suis jamais en arrêt maladie, et ils oublient (mon handicap, ndlr), alors que je suis un +emploi réservé+". Pourtant, tous s'accordent à dire qu'il leur faut être "meilleur que les autres". La performance est "un défi personnel", souligne l'enquête, selon laquelle "93% des entreprises employant des personnes handicapées se déclarent satisfaites", car les salariés handicapés font souvent preuve d'une grande capacité d'adaptation, un "atout pour l'entreprise". Mais l'énergie investie pour se montrer "salarié modèle" génère une fatigabilité après 40 ans. D'autant que les collègues et managers sont souvent tentés de les survaloriser, ou au contraire de les dévaloriser, des attitudes tout autant rejetées par les handicapés. Aux entreprises, les salariés handicapés interrogés au cours de l'enquête donne des "conseils", comme fixer de "vrais" objectifs, anticiper les aménagements de poste, communiquer "naturellement, sans en faire trop et sans montrer de la pitié". Aux handicapés, ils recommandent parallèlement d'accepter leur handicap, voire d'en faire un atout, de parler de leur déficience pour démystifier le handicap, de valoriser leur capacité d'adaptation. La gestion des salariés handicapés est "transposable" aux autres "publics de la diversité", concluent les auteurs de l'enquête, réalisée dans le cadre de la dixième semaine pour l'emploi des personnes handicapées (13 au 19 novembre). mv/jba/swi [BI]« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© (2003) Agence France-Press.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations ».[EI]
Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook

Thèmes :