Intégration du handicap mental à la Banque de France

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PARIS, 14 nov 2009 (AFP) - "Depuis son ouverture en 1979, le CART a accueilli 74 personnes handicapées mentales, dont 33 sont devenues depuis salariés de la BDF", raconte le directeur, Claude Yvert, dans son petit bureau au milieu des ateliers, non loin des dorures du hall monumental de l'institution bicentenaire.
Sur 1.500 établissements similaires au CART, qui font travailler 150.000 personnes handicapées en France, "la moyenne des sorties vers le milieu ordinaire de travail, l'entreprise, ne dépasse pas 1%", déplore-t-il.
Et selon Claude Yvert, l'implantation intégrée au coeur des locaux est à la fois une exception et la clé du succès.
Dans la pièce d'à côté, Benoît, la trentaine décontractée, agrafe des bordereaux à des chèques impayés du Trésor Public, en vérifiant que leurs références correspondent, avant de les glisser dans des pochettes plastiques.
"Reconnaître un numéro est une tâche accessible. Ici, le travail est décomposé, séquencé, démarche peu habituelle dans le tertiaire", explique André Jourgeon, l'un des deux éducateurs spécialisés. Selon les associations, le secteur tertiaire est le plus en retard pour l'accueil des personnes handicapées mentales, mais l'industrie ne brille guère.
Début 2009, une enquête montrait que seulement 6% des primes accordées par l'Etat pour l'embauche d'handicapés à la sortie des Etablissements et Services d'Aide par le Travail (Esat) concernaient des personnes relevant de handicap mental, pourtant majoritaires en Esat.
Globalement, les entreprises françaises restaient en 2007 encore loin du quota légal de 6% de Travailleurs handicapés (TH), avec 2,5% dans le privé et 4,4% dans la Fonction publique, la Banque de France (3,8%) se distinguant surtout pour les handicapés mentaux grâce à l'hébergement du CART.
"Les TH vont eux-mêmes chercher le travail dans les services", des "contacts quotidiens ont lieu avec les agents. Ils participent aux voyage du comité d'entreprise, à l'association sportive, déjeunent à la cantine", souligne Claude Yvert.
Pour autant "l'intégration devient plus difficile, la Banque de France ayant réduit son effectif de 30% en une décennie", relativise Jean-Louis Corvaisier (CGT). A la création du CART, impulsée par le comité d'entreprise, "seulement cinq personnes, toutes des enfants de salariés" y travaillaient.
Les personnes atteintes de handicap mental "ont besoin d'une aide humaine, pas forcément permanente, mais durable. Ce n'est pas toujours compris en entreprise", rappelle Aude Bourden, de l'Unapei, une fédération d'associations. "Il ne viendrait à l'idée de personne d'enlever son fauteuil roulant à un travailleur handicapé", souligne-t-elle.
Selon elle, l'hébergement du CART dans les locaux mêmes de l'entreprise est "la voie royale".
Mais reproduire cette exception n'est pas facile. Selon Pierre Dromard, directeur de l'Esat Bastille et ex-patron d'hypermarché, "un centre médico-social est assujetti à nombre de contrôles administratifs, qui ne sont pas dans la culture des chefs d'entreprise".
Au CART, le volontarisme des initiateurs du projet se lit sur les écrans d'ordinateur, adaptés avec de gros caractères qui adoucissent le travail.
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