Reprendre le travail avec un handicap, c'est repartir à zéro

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LYON, 14 nov 2009 (AFP) - "Une grande majorité" des travailleurs handicapés "ne l'est pas de naissance mais le devient après un accident ou une maladie", constate Thierry Delerce, directeur interdépartemental de l'Adapt à Lyon, qui oeuvre à l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées.
"Après la période de soins, vient l'envie de reprendre le travail, donc une vie normale", poursuit-il, tandis que des aides financières complètent généralement les revenus, de façon très variable selon la gravité et l'origine du handicap.
Mais "la reprise est une aventure", souvent tortueuse. "L'aspect redémarrage à zéro est assez insécurisant", insiste le directeur de l'Adapt, évoquant "un boulanger allergique à la farine, un charpentier unijambiste ou un informaticien qui pète les plombs face au stress".
Privé de l'usage d'une main alors qu'il dirigeait un salon de coiffure, Claude Thorès a dû renoncer à son métier après quatre ans de rééducation.
Soucieux de "continuer à faire quelque chose", il devient clerc d'huissier pendant six ans, bien que cet emploi "tristounet" ne lui convienne pas.
"Quand un problème de santé nous tombe dessus, on est un peu désorienté. On met énormément de temps à savoir comment on va se diriger", explique ce Lyonnais de 51 ans, qui vient seulement d'entamer une reconversion "dans l'événementiel", accompagné par l'Adapt.
Mêmes tâtonnements pour Nicole Malecki, 41 ans. Handicapée depuis 1999 par son mal de dos, elle est d'abord restée dans l'hypermarché qui l'employait, au rayon fruits et légumes, avant d'en claquer la porte dix ans plus tard pour reprendre une formation d'agent d'accueil.
A l'origine de son changement de cap, un premier accident de travail en 2005, avec de lourdes séquelles, puis un deuxième en 2008. "Mon poste était théoriquement adapté à mon handicap, mais on me demandait toujours des choses en plus. En portant un carton lourd, mon épaule a lâché", raconte-t-elle.
Pour Thierry Delerce, son histoire illustre la nécessité pour les entreprises de "s'adapter aux capacités" de leurs employés au quotidien, seul moyen de respecter leur quota légal de 6% de travailleurs handicapés, sous peine de lourdes sanctions financières.
Au fil du temps et des réorganisations, il leur faut également "tenir compte des difficultés d'adaptation de certaines personnes, notamment celles qui ont des problèmes cognitifs", ajoute Anne-Laure Moal, ergothérapeute à l'Adapt.
Certains employeurs le font, comme celui de Fabrice Pleux. Gravement blessé à la tête dans un accident de moto, l'ancien technicien se dit "heureux" des efforts déployés par son entreprise pour lui conserver des taches précises, malgré les restructurations.
"Sans cela, je ne me serais trouvé qu'avec des handicapés, dans un centre spécial. Là je fréquente des gens normaux et, souligne-t-il, c'est ce qu'il me faut".
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